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Actualités des associations

Sur les pas de saint Guilhem

C’est à Saint-Guilhem-le-Désert que l’association Sant Pau a organisé une deuxième visite consacrée à l’art roman le samedi 28 avril 2018. Accompagnés par G. Mallet, S. Demarthe et D. Fontaine, nos 3 spécialistes en histoire et histoire de l’art, notre groupe s’est enrichi de la présence de 2 archéologues, Laurence Cornet et Dominique Alios, lui-même professeur à l’université de Rennes II. Dès notre arrivée, nous avons été accueillis par Philippe Machetel, maire de Saint-Guilhem-le-Désert et par le père Jean-Louis Dusfour, recteur de la paroisse. Ce qui nous a permis d’avoir un accès privilégié dans le musée ainsi que de pouvoir pénétrer dans la crypte, habituellement fermée au public. Le musée de site installé dans l’ancien réfectoire de l’abbaye a été créé en 2009 pour accueillir les nombreux vestiges retrouvés sur les lieux. Ce musée est riche en éléments de l’époque carolingienne comme les plaques de chancel aux motifs d’entrelacs, des remplois de mobilier antique retravaillés pour être christianisés, comme le sarcophage qui avait accueilli la dépouille de saint Guilhem, ou les sculptures romanes ornant la reconstitution d’une partie du cloître. Le film projeté à l’entrée du musée situe le contexte historique et rappelle l’importance de ce personnage qui fut le cousin germain de Charlemagne et qui créa l’abbaye au début du IXe siècle en la dédiant au Sauveur. Ce film permet également de mesurer l’importance du travail effectué par les chercheurs et enseignants chercheurs de l’université Montpellier III Paul-Valéry et du MAP (modèle et simulation pour l’architecture et le patrimoine) dépendant du CNRS et du ministère de la Culture. Ces travaux pilotés par un comité scientifique et financés par la mairie, la direction des affaires culturelles et les diverses chambres départementales et régionales ont abouti à une parfaite connaissance du cloître et ont permis d’en faire une reconstitution virtuelle. De ce cloître, il ne reste plus que 2 galeries, d’où l’importance des reconstitution virtuelles qui permettent aux visiteurs de mieux comprendre les transformations architecturales qui ont accompagné l’évolution de la spiritualité à travers les âges.
Si l’abbaye de Gellone a acquis une telle réputation auprès des pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle, c’est grâce à la présence en ses murs d’une relique de la Vraie Croix, cédée par Charlemagne à son cousin Guilhem et au développement du culte voué à ce dernier après sa mort en 812. La crypte située sous le chœur actuel a accueilli ces reliques afin de les mettre à la vénération des fidèles. Elle garde encore bien des secrets quant à sa destination d’origine, ce qui a alimenté in situ les conversations entre les spécialistes sur l’état actuel des connaissances du lieu. A l’intérieur de l’églises, les explications données par G. Mallet ont permis de situer cet édifice de plan basilical dans le premier âge roman (XIe siècle). La description précise de l’organisation spatiale de l’ensemble a remis dans son contexte le déroulement de la liturgie pratiquée par la communauté bénédictine présente dans ces lieux jusqu’à la Révolution. Aujourd’hui, c’est une communauté de religieuses du Carmel de Saint-Joseph qui animent, avec le père Dusfour, la vie spirituelle du monastère ; et c’est avec beaucoup d’émotion que certains d’entre nous ont pu assister à l’office de Sexte chanté par les sœurs. La visite s’est terminée dans une demeure médiévale transformée en musée en salon de thé, musée des arts et traditions populaires et atelier de fabrication et de vente de santons. Nos hôtes, Jacques et Hélène Prouget, conservateurs et animateurs du lieu le musée d’Antan, nous ont fait découvrir à travers les nombreuses pièces encore encombrées de meubles, d’outils, d’ustensiles de cuisine de la fin du XIXe et début du XXe siècle la vie au quotidien des habitants du village sur cette période.
Si Saint-Guilhem-le-Désert, étape importante pour les pèlerins en route vers Saint-Jacques, est devenu l’un des sites les plus visités de la région, c’est par la volonté d’élus de la commune, d’universitaires, étudiants, représentants du ministère de la Culture, de bénévoles passionnés qui tous ont su mettre en commun leur compétences et faire jouer leur complémentarité pour faire aboutir ce beau projet. La volonté de l’Homme face à l’inertie des pierres.

J.C. Miffre